Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un peu de tout
27 avril 2020

L'habitat

Bonjour,

Aujourd’hui je voudrais parler de la question de l’habitat. En effet, avec cette période de confinement, c’est un sujet sur lequel je me questionne encore plus que d’habitude. Nos logements sont-ils adaptés à nos vies ? Quelle incidence ont-ils sur nos choix ? J’ai l’intuition que c’est bien plus important que ce qu’on ne croit …

Aujourd’hui, on peut facilement se poser la question : Suis-je bien chez moi ? Mon logement me permet-il de m’épanouir ?

Pour ma part, il est évident que ce n’est pas le cas. Trop petit, trop sombre, trop carré, pas de jardin, je vis dans l’opposé de ce qui me fait vivre. Pour d’autres ce sera un logement trop grand, difficile à entretenir, pour d’autres ce sera un logement imposé, une marche de manœuvre limitée dans les choix possibles. D’autres auront la chance de vivre dans un logement qui les satisfera à fond, et tant mieux ! Tandis que d’autres s’adapteront à leur lieu de vie, et il fera partie de leur construction personnelle.

Evidemment, rien n’est tout noir ou tout blanc, et notre panel de choix, de possibilités, est directement lié à notre pouvoir d’achat. Il y a donc une réalité sociale très forte rattachée à cette problématique. Mais ce n’est pas forcément là que je veux en venir.

Avoir un jardin, et vivre en ville. Ce serait mon rêve, mais d’une part il y a très peu d’offres, et d’autre part c’est très cher. Cependant, c’est nécessaire à mon bien-être. Je dois donc « dealer » avec des compromis : en ville mais pas de jardin, une passion étouffée mais une sociabilité plus épanouie. En fait, j’en peux plus de ces compromis, je les exècre. Je trouve que c’est une énergie de destruction très forte de nos spontanéités, de notre force de possible.

Je fais une parenthèse. Je ne sais pas si c’est clair, car je l’exprime avec des mots très grossiers, à défaut d’en trouver de plus fins, mais, ce vers quoi je lutte, c’est la préservation de nos subjectivités. En réfutant les normes qu’on nous impose quotidiennement, en allant contre la « société », je ne cherche pas à faire une lutte anti quelque chose en fait. Je cherche à, ne serait-ce que pour moi, abattre les barrières qui nous empêchent d’être nous mêmes. Je cherche à me créer une bulle où, sans jugement, on pourrait vivre nos émotions à fond, accepter celles des autres, ne plus ressentir de gêne, de honte, de peur. Je veux promouvoir l’individualité, la spontanéité, la force de vie de chacun ! Et je trouve que notre mode de vie a parfois tendance, de manière moderne mais aussi ancestrale, à nous uniformiser, ou à nous faire avoir peur les uns des autres. Bon, j’espère que je ne passe pas trop pour une « ésotérique-bisounours » en disant ça, mais ça me semble important d’expliquer ce qui me fait en arriver là dans mes réflexions.

Vivant en ville, il est très difficile de vivre dans un autre type de logement qu’un appartement. Or, ceux-ci offrent très peu d’espace ouverts sur la nature, mis à part des balcons, ou cours intérieures, ce qui est déjà super. Je ne pense pas qu’on ait forcément besoin d’un jardin de trois hectares ou d’une forêt à deux pas de chez soi pour être heureux, mais je pense qu’il est primordial de pouvoir avoir un contact, aussi ténu soit-il, avec la nature. Ca peut aussi bien sûr exister avec un parc, des jardins partagés ou même des plates-bandes devant chez soi ! Mais pourquoi est-ce que ce sont des ouvriers, mal payés et très pressés, qui viennent les tondre sans vergogne, ni projets, à une fréquence précise. Dans chaque immeuble, je suis sûre qu’il pourrait y avoir une poignée de personnes intéressées par ces bandes de vert, qui pourraient prendre plaisir à s’en occuper, et même se retrouver pour le faire. Mais on s’est habitués à considérer comme un confort que d’autres s’en occupent. Je trouve ça triste. En même temps, les gens travaillent tant qu’ils n’ont souvent ni le temps ni l’énergie pour ça, c’est aussi pour ça que je considère qu’il faudrait qu’on travaille moins.

De la même manière, je trouve que les logements type résidence, peuvent être très enrichissants sur le plan du partage entre voisins. J’ai la sensation, sûrement très naïve, que ce sont des lieux où la rencontre, l’échange et l’entraide pourraient être possibles. En même temps, c’est ambivalent, car, selon la technicité du bâtiment, ils peuvent aussi amener à une perte d’intimité.

Les techniques du bâtiment jouent un rôle primordial dans notre qualité de vie, et on le minimise énormément. En effet, la gestion de l’acoustique par exemple, est fondamentale. D’une part, elle préserve l’intimité entre voisins. (Pour ma part, j’entends mes voisins hurler sur leurs enfants, ou un autre chanter de l’opéra : rien de grave en soi, mais je n’ai pas à entendre ces moments de vie qui leur appartiennent). En plus, c’est dérangeant, souvent, et source de stress et d’énervement. (Ma voisine qui écoute du R’n’B H&M à FOND pendant toute une aprèm m’empêche de lire par exemple).

Je n’ai pas d’enfants, mais je pense aux familles qui en ont. Si l’acoustique d’un logement est mal pensée, ils subiront les cris de leurs enfants de façon beaucoup plus importante. Il y a une vraie notion de qualité de vie à travailler ici.

De la même manière, l’air et la respiration d’un logement jouent beaucoup. Selon les matériaux utilisés pour la maçonnerie d’un lieu de vie, son exposition, sa conception, on aura un endroit plus respectueux du fonctionnement du corps humain : oui, oui ! Souvenez-vous des cas de saturnisme liés à la peinture aux plomb dans les logements sociaux … Tout à son importance, et des éléments nocifs sont souvent présents dans nos lieux de vie sans qu’on le sache. Des particules fines, que l’on appelle perturbateurs endocriniens sont très très présents dans nos objets du quotidien et, à long terme, sont extrêmement néfastes. Or, nos maisons, apparts, résidences, cabanes et lotissements, on y passe nos vies !

Evidemment, je me dois aussi de parler de l’eau, très rapidement, qui est souvent très travaillée pour devenir potable. Elle nous arrive donc souvent, aseptisée, morte, et bactéricide. Or, les bactéries, la vie, l’énergie, c’est ce dont nous avons besoin …

Je vais redevenir « ésotérique-bisounours » mais, aussi, on peut constater que l’immense majorité de nos logements sont carrés, cubiques. J’ai eu la chance de dormir un jour dans une maison qui avait été fabriquée en courbes et en rondeurs. Je n’en étais pas à ce stade de réflexion sur l’habitat à ce moment là mais, en y entrant simplement, j’avais ressenti une sensation d’apaisement et de sérénité saisissante. Alors, il est vrai que je vous parle là d’une sensation personnelle que je ne veux pas du tout croire qu’il serait bon d’appliquer à tous. Mais, tout de même, j’aurais aimé l’appréhender plus tôt cette sensation, et aussi pouvoir avoir le choix de vivre dans un tel logement au quotidien. Car nos logements, carrés, cadrés, construisent des images, des schémas, qui je suis sûre, s’inscrivent quelque part dans nos esprits, et modèlent nos façons de penser.

Un logement, c’est aussi un lieu de consommation très important. Une consommation à laquelle on est tellement habitués qu’on ne la conscientise pas trop. Si je compare ma consommation d’électricité à ma consommation alimentaire par exemple, je me rends compte que je suis beaucoup plus à même de quantifier la deuxième. C’est lors d’un cours d’électricité où j’ai vu à quoi ressemblait la résistance d’un chauffe-eau, et ce qu’elle consommait que je me suis rendue compte de ce que ça voulait dire prendre une douche. (Je vous rassure je me lave toujours). On a de l’électricité de partout dans nos lieux de vie, et parfois ça nous déconnecte de l'énergie que cela représente. Quel luxe ! On allume le chauffage quand on a froid, on se fait cuire des trucs au four dès qu’on à faim. Sans effort, sans énergie déployée de notre part, de notre corps. Je trouve ça super d’un côté, puis en fait quand je vois les dégâts que cela cause, je suis moins enjouée. En fait, je ne réfute pas ce luxe, mais j’aimerais avoir le choix, avoir une marche de manœuvre dans la manière d’utiliser cette énergie.

Evidemment, en étant propriétaire, on a un peu plus de possibilités qu’en étant locataire. Mais acheter, c’est souvent une énorme responsabilité, avec un  emprunt, et un engagement fort. Ce n’est donc encore une fois pas un réel choix mais un méga-compromis-dilemme-difficile.

Après, c’est bien joli tout ce que j’écris là, mais existe-t-il un logement pour tous ? Un logement qui permettrait à chacun de s’épanouir ? Je ne crois pas non plus à cette universalité. Il est bon qu’il y ait pléthore d’offres de logements différents, même si c’est difficile d’écrire ça lorsqu’on vit à Marseille et qu’on sait le nombre de personnes confinées dans des logements insalubres …

Et puis, certains seront heureux en haut d’un immeuble, d’autres dans des sous-sols, d’autres dans une petite maison à la campagne, c’est ça qui est super !

En fait, ce que je pense fondamentalement, c’est que, si on veut avoir un logement dans lequel on puisse tout à fait s’épanouir, il faudrait pouvoir le concevoir et le construire nous-même. Ca nous permettrait d’obtenir une indépendance et même une résilience dessus. On pourrait l’entretenir, le réparer, mais aussi l’agrandir, le transformer. Je pense que ça été le cas à une époque, que ça a été dans les mœurs. Aujourd’hui ça semble complètement loufoque, c’est vrai. Ca doit coûter plus cher, être long, prendre du temps et de l’argent, et, encore une fois, ça nécessiterait de s’arrêter de travailler le temps de …

Et en même temps, quel épanouissement ! Souvent, au boulot, quand on passe 8 à 12h par jour avec 4 ou 5 collègues à décharger des camions et monter des décors, et que je vois l’efficacité, la force de travail, toutes les choses qu’on monte et qu’on construit, je me dis que, si on consacrait ce temps à chacun les uns les autres de notre équipe construire nos maisons respectives, on aurait une bien meilleure qualité de vie que celle que l’on a actuellement ! Je sais pas, moi depuis que je pense comme ça, je vois pleins de choses qui me semblent être du bon sens alors que nous on évolue dans l’absurde … Mais je suis curieuse de savoir ce que vous en pensez, si c’est un délire qui m’est personnel, ou si vous le comprenez, à défaut de le partager ?

Encore une fois c’est un article spontané. Je ne sais pas si tout sera bien clair, je ne sais pas si je penserais tout à fait la même chose dans deux semaines, deux mois, deux ans, mais c’est maintenant dans ma tête et je vous le donne en bloc. (ou en rond ?)

Bises

Diplo l’ésotérico-bisounours

Des petits ajouts : 

Un logement, c’est aussi une partie de la personnalité d’un indivudu ; En effet, vivre sans clefs, sans endroit à soi, est une privation de liberté et de dignité. Aujourd’hui, beaucoup de gens n’ont pas le droit à ce confort. Mais de la même manière que la structure de notre logement peut être liée à nos schémas structurels, l’absence de cadre est dévastateur.

A une toute petite échelle, j’en ai fait l’expérience à une période de ma vie où j’ai vécu chez des amis. Sur le coup, je vivais ça comme un vrai confort, une chance d’avoir cette aide là. Et, quand j’ai de nouveau eu un logement, je me suis rendue compte de l’effet que cette période avait eu sur moi. Ca a été un moment très précis où on m’a donné mes clefs. Je me suis sentie respirer, soulagée. En fait, nos clefs, cet objet qu’on voit comme purement fonctionnel, c’est un énorme pilier de notre existence. C’est de la dignité, un espace qui nous fait exister, qui nous permet d’être.

Donc, bien sûr, avant de penser le logement, il faudrait que tout le monde puisse se loger, ce qui est loin d’être le cas. Et pour n’importe qui, perdre un espace à soi est dévastateur. Ce n’est pas normal qu’on prive les gens de cette dignité. (Surtout quand on sait qu’il y a à Paris 100000 logements vides, et 36000 à Marseille). Donc évidemment, le premier combat : logement pour tous

Le deuxième combat est celui du logement salubre. Nous vivons un moment de transition et on peut constater qu’il y a beaucoup de constructions qui ne fonctionnent pas avec des questions actuelles de santé, d’écologie, d’énergie. Ici, à Marseille, beaucoup, beaucoup de logements sont insalubres. Les politiques font semblant de ne pas le savoir, jusqu’à ce que les immeubles s’effondrent, et tuent des gens. Ca leur permet de reconstruire après ce qu’ils veulent. Il y a eu beaucoup de gens expulsés de chez eux, et pas relogés. Ca a été une situation d’horreur avec des relogements aux frais des locataires, des familles à la rue, ou dans des hotels miteux. Il y a ici une question dont il faut se saisir. Il faut créer une transition dans la question du logement qui soit humaine et respectueuse, car on est sur un sujet intime qu’il faut respecter et traiter avec bienveillance.

Un autre combat serait aussi bien sûr, le fait que les logements ne soient pas des facteurs de classe sociale. Les lieux de vie devraient permettre à tous de s’épanouir de la même manière.

On a du boulot les amis !

Bises

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité